Moment de Solitude... [Edward Sullivan]

[J'adore ton style <3]

Fixer le soleil qui jouait à cache-cache avec les nuages, le ciel d’un bleu très pâle et presque gris, l’environnement, la vue inimitable qu’offrait ce point de falaise… Quand on était seul, c’était moins amusant qu’a deux ou plusieurs. Néanmoins, un moment de solitude n’avait jamais tué personne, jusqu'à preuve du contraire. Installée de la sorte depuis une dizaine de minutes, Amber semblait ne jamais se lasser de cette vue. Un silence. Pas un silence pesant et lourd, mais un silence magique. Il n’y avait plus de bruits ni de voitures, ni de cris d’enfants… A cette heure, Amber était encore heureuse de n’avoir encore provoqué aucun accident, d’être encore et toujours en vie. Cette pensée lui traversant l’esprit, elle repensa à la fois où elle avait rencontrée Paris à la patinoire après avoir foutu en l’air son rendez-vous visuel avec un groupe de garçons. Un sourire machiavélique passa en éclair sur ses lèvres avant de percevoir un bruit derrière elle. Le gravier avait pour inconvénient de faire beaucoup de bruit lorsqu’on s’aventurait à marcher dessus. Seulement les pas de cette personne étaient si doux que l’on ne percevait qu’un infime bruit, jusqu'à ce que ceux-ci ne s’arrêtent à proximité d’Amber. La respiration lente, Amber ne se retournait pas. Elle ne bronchait pas non plus lorsque cette mystérieuse personne remit délicatement en place l’une de ses mèches de cheveux. Il était là. Elle le savait pertinemment bien et ne voulait pas gâcher ce moment en risquant de bouger pour ensuite provoquer une gaffe mémorable. Un ténor se manifesta alors, confirmant les dires d’Amber dont le cœur ne cessait de battre. Prenant une longue respiration, Amber plongea son regard sur l’horizon différenciant la ville du ciel.



Une réponse plutôt frêle, à laquelle Amber aurait bien ajouté qu’en sa compagnie tout prenait un ton parfait. Mais pensez-vous que cela plairait à la petite amie du jeune homme, qui n’était autre que l’amie d’Amber ? Mieux valait encore souffrir en silence, c’était plus raisonnable… N’arrivant pas à enlever ce sourire qui semblait incrusté sur ses lèvres, Amber dirigea son regard vers le ténor à ses côtés, se perdant pendant un bon moment à la contemplation de ses yeux. Fascinée. Fascinant.



La question pouvait paraître peut-être évidente, mais elle pouvait tout aussi bien tourner à l’indiscrétion, ce qui n’était pas le but d’Amber. Simplement elle savait que quelque chose était différent.

Méditant sur la phrase que venait de prononcer Edward, Amber songeait à ce soi-disant hasard qui faisait bien les choses. Elle, qui d’habitude n’était pas très chanceuse et pour qui le hasard n’avait aucune pitié, avait un peu de mal à croire ce qu’elle venait d’entendre, mais après tout, n’allons pas nous plaindre sur ce qui n’a pas lieu d’être. Tout en soutenant le regard du jeune homme comme si elle avait été face à un miroir, elle reprit à mi-voix, juste un peu plus fort qu’un chuchotement :



Un petit sourire en coin, discret se traça sur ses lèvres rouges, juste avant qu’elle ne pose l’une de ses mains sur la fine barrière différenciant le vide de la terre –d’ailleurs cette barrière ne servait strictement à rien, car ce n’était pas ça qui retiendrait un suicidaire ou un mal chanceux-. En repensant à sa journée, Amber fit une petite moue. Ses amies l’avaient trainée à travers la ville de dix heures du matin à seize heures, en faisant un arrêt au fast Food du coin. A partir de quoi, Amber avait été emmenée de force dans tous les magasins du coin, afin de finir dans un salon de thé où chacune devait exposer ses problèmes et sa vie privée à tous le monde. Une journée particulièrement féminine à laquelle Amber avait vite fait coupée court avant que n’arrive son tour. Surtout qu’en plus de ça, elle détestait le thé !


Amber avait fait tout son récit sur un ton ironique avec une pointe de critique. Les filles c’était toujours pareil. Surtout celles avec qui Amber était sortis cette après-midi. Superficielle, bien que sympa… ‘Il faut élargir son cercle d’amis !’ Comme le lui avait dit sa tante…

Toute la journée, Amber n’avait pensé qu’a une seule chose. Une obsession permanente, une tentation qui lui était devenue familière… Elle avait beau essayer à chaque fois de détourner son esprit de cette ‘drogue’, à chaque fois l’expression ‘Chassez le naturel, il revient au galop’ se manifestait puis elle abandonnait, se laissant bercer par ses doux rêves. Lui. Tous les jours, toutes les nuits… Et le pire dans tout ça, c’est qu’Edward sortait avec une amie à Amber. Ils étaient heureux, et il avait autre chose à faire que de penser à Mademoiselle Catastrophe. De plus, même s’ils s’entendaient bien, ils ne se connaissaient pas tellement que ça. Pourtant, la brunette aurait put jurer le connaître depuis très longtemps…



Et en matière de sport, Amber était une professionnelle. Surtout lorsqu’il s’agissait de marcher ou courir, on pouvait la comparer à une aimant à danger, comme l’appelait certains de ses amis ou encore sa tante… Après avoir exposé sa propre journée, qui relevait en fait du royaume féérique de Barbie, Amber se tut pour écouter son ténor préféré parler. Sa voix envoûtante la faisait s’évader… Amber se demandait elle-même si elle n’était pas folle pour être aussi fascinée par Edward. Mais bien vite cette simple pensée s’évanouissait en l’entendant. En le regardant. Quand on goute à quelque chose qu’on aime, on en demande toujours plus.



Amber haussa les épaules avant d’esquisser un petit sourire pour continuer sa contemplation du jeune homme. Lequel avait tourné sa tête vers l’horizon, laissant admirer son profil à Amber. Elle fut alors sortie de ses songes. Il lui demanda si elle voudrait bien se joindre à lui et Helena pour une soirée. Sans aucune hésitation, Amber aurait bien accepté. C’était sans compter le fait qu’elle était presque sûre qu’Helena soupçonnait les sentiments d’Amber à l’égard d’Edward. A son égard.

Rien qu’à ce mot, Amber réussit à détourner son regard des prunelles topaze d’Edward, pour sombrer dans le néant total. Ses yeux tombèrent un instant sur le vide se dérobant sous ses pieds. Sous leurs pieds. Un fin sourire prenant place sur son visage. Edward avait toujours fasciné Amber. Depuis la première fois, jusqu'à aujourd’hui. Et elle savait bien que même si elle le désirait, cette fascination ne cesserait pas, puisque jamais elle ne s’en lasserait. Jamais elle ne saurait combler ce vide qu’il laisserait, si brusquement il décidait de la laisser ou de s’en aller. Leur relation était d’ailleurs compliquée dans un sens. Bien qu’ils ne se connaissent pas depuis très longtemps, ils se comportaient comme de bons amis. Amis. Et pourtant Amber aurait souhaitée plus. Une vie à ses côtés. L’éternité lui semblerait même bien trop court. Elle fut alors sortie de sa torpeur par une petite tape sur la tête, à laquelle elle prit un air faussement outré, avant d’éclater de rire. C’est vrai que dans un sens, Amber se voyait mal proposer à quelqu’un de passer la soirée avec elle, si cela la dérangeait. Ca tombait sous le sens certes, mais Amber ne savait pas si elle devait accepter ou pas. Entre Edward et Helena, elle se sentirait tellement… De trop. Tenir la chandelle n’était pas dans ses spécialités, et elle risquait fort au lieu de cela de provoquer un incendie. Par manque de chance, ses yeux trouvèrent ceux du jeune homme. Source hypnotique.



Elle laissa s’échapper un soupir résignée à savoir que, face à lui, elle ne faisait, fait et ne ferait jamais le poids. Il était bien trop persuasif, et elle était bien trop naïve. C’était clair et net. Edward se releva, tendant une main à Amber. Dans l’incompréhension, elle avança sa main vers la sienne, comprenant ensuite qu’il voulait faire un petit tour des falaises. Sa main tiède entra alors en contact avec sa peau, froide et presque glaciale. Un long frisson parcourut son corps, et elle leva les yeux vers lui, le dévisageant, avant de se relever avec son aide. Après un long regard, elle baissa les yeux sur sa main qui était restée dans la sienne. Rapidement, elle remédia à la situation en reprenant sa main.



Jetant un rapide coup d’œil derrière elle, fixant une énième fois ce gouffre.

La sensation froide, auparavant procuré par le contact de sa mains sur celle d’Amber s’estompait peu à peu. Bien que lui ayant provoqué de nombreux frissons incontrôlables, la brune regrettait largement d’avoir lâché sa main. En prenant une longue respiration, elle tourna des yeux pétillants vers Edward qui avança une phrase qu’Amber eut un peu de mal à comprendre. ‘S’il t’est fatal, il le sera pour moi aussi’. Amber ne releva pas, mais cette phrase tournait dans son esprit, cherchant un réel sens à ce qu’il venait de dire. Etait-il en train de certifier que si quelque chose arrivait à Amber, il s’en tiendrait pour responsable ? Que si elle dégringolait de la falaise –ne riez pas, avec elle c’est fort probable-, il en ferait de même ? D’un geste de la tête, elle chassa ces idées de son esprit, pour partir en marche à travers les hautes herbes d’un petit chemin. Ce qui avait l’avantage d’être facile pour lui, ne signifiait pas pour autant que ça l’était pour Amber. A chaque pas, elle manquait de trébucher, glisser ou toute autre mésaventure qui n’était propre qu’a elle. De plus, le chemin étant pour la plus grande moitié en pente, il faudrait qu’elle pense à remercier Edward d’avoir prit sa main, sinon sans lui elle aurait déjà abandonnée. Il lâcha une seconde fois sa main, et alors une chaleur intense se propagea en elle. Amber aurait pu se poser la question du pourquoi la chaleur de son corps était-elle si basse, mais à ce moment précis, cela n’avait pas grande importance pour elle, voir même aucune.



Ces paroles prononcées sur un ton ironique, pouvaient tous aussi bien être interprétées avec un soupçon d’agacement. De toute façon, dès qu’il s’agissait de marche, de course, d’escalade ou toute autre chose, Amber ronchonnait. Un caractère lui venant tout droit de son père. Alors qu’Amber reprenait sa respiration, essayant de se repérer à travers tout ces chemins, il attrapa de nouveau sa main, en allant cette fois un peu plus vite. Ils s’arrêtèrent alors, et arrivèrent à une petite clairière. Un rêve éveillé. Fascinant. Alors que son cœur semblait s’emballer à une vitesse inouïe, elle se sentit tomber lentement, rattrapée par des bras protecteurs. Ses bras. Ses yeux clos durant la chute se rouvrirent doucement, face au visage pâle et parfait d’Edward. Alors qu’il s’excusait et lui retirait une feuille de ses cheveux, Amber se pinça les lèvres avant d’éclater de rire. Cet endroit merveilleux avait un impact différent sur elle. Lui. Elle. Eux. Dans un endroit merveilleux et seuls… Après avoir examiné les lieux, toutes ces fleurs, cette magnifique clairière… Elle reposa ses yeux sur son ténor préféré et avec une voix basse commença :